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Nicolas Sarkozy annonce un lycée à la carte pour 2012Le 02/06/2008 à 15h01 GMT
PARIS (Reuters) - Le président Nicolas Sarkozy s'est déclaré en faveur d'un lycée à la carte, qu'il souhaite voir naître à la fin de son quinquennat, en 2012.
Il avait réuni à l'Elysée les cadres supérieurs de l'Education - recteurs, inspecteurs d'académie et généraux, présidents d'université ... - à l'occasion du bicentenaire du décret du 17 mars 1808, fondateur du système éducatif français.
Il a exposé les grandes orientations de la réforme du lycée, que le ministre de l'Education Xavier Darcos a chargé le recteur de l'académie d'Aix-Marseille Jean-Paul de Gaudemar de piloter.
Il a déclaré au passage soutenir "totalement" son ministre, confronté à la grogne des enseignants, qui protestent, après les lycéens, contre la suppression de milliers de postes.
La situation du lycée d'enseignement général et technologique "n'est plus tenable", a-t-il estimé. "Le système des filières (...) écrasé par la section scientifique est totalement déséquilibré et ne remplit pleinement aucun des objectifs recherchés."
"Formidable ! En dehors de la voie scientifique, pas d'avenir pour nos élèves mais à la sortie pas assez de scientifiques", a-t-il ironisé.
"Il nous faut ensemble imaginer un lycée beaucoup plus souple, qui va dépasser les impasses du cloisonnement trop rigide en filières (...), où la seule règle serait la diversité des voies proposées" et où les lycéens pourraient choisir leur cursus selon leurs goûts et leurs compétences, a-t-il expliqué.
Pour Nicolas Sarkozy, "cette liberté plus grande donnée au lycéen le préparerait mieux à l'enseignement supérieur" en lui permettant de se spécialiser de façon plus progressive.
Il a jugé indispensable de repenser l'équilibre entre cours magistraux et travail personnel. Il a dénoncé au passage la surcharge des emplois du temps, "où s'empilent les options" et qui "n'arrange pas la santé (des) finances publiques".
Dans le lycée à la carte qu'il appelle de ses voeux, la classe de seconde "devrait retrouver sa vocation à orienter les élèves". Nicolas Sarkozy a souhaité que cette "nouvelle seconde" soit mise en place à la rentrée 2009, avec pour objectif la mise en oeuvre du nouveau lycée "à horizon 2012".
"PACTE DE CONFIANCE"
Il a d'autre part confirmé la généralisation du bac professionnel en trois ans à partir de septembre 2009, afin de lui conférer "la même dignité" qu'à la voie générale.
Le corps enseignant est, lui aussi, appelé à évoluer, a par ailleurs déclaré le chef de l'Etat, qui a dit mesurer "l'étendue du malaise" des professeurs et entendre leur "impatience".
Il a souhaité que les enseignants soient mieux formés, avec un an d'études supplémentaires, dans le cadre de l'université, dont la place doit être "pleinement reconnue".
Nicolas Sarkozy a ainsi paru sonner le glas des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM).
"Nous avons décidé, avec Xavier Darcos, que les différents concours (professeurs des écoles, Capes, agrégation) soient intégrés au cursus universitaire et soient ouverts à tout titulaire (...) d'un 'master 2'", a-t-il dit.
Les nouveaux concours seront mis en place dès la session 2010, a précisé Nicolas Sarkozy, selon qui le recrutement des futurs professeurs après une année d'étude supplémentaire permettra de mieux les rémunérer en début de carrière.
Il a promis de se pencher sur les affectations pour qu'elles tiennent mieux compte des desiderata des professeurs et des besoins, et souhaité que soient développés les dispositifs de recrutement hors éducation nationale.
Il a dit compter sur Xavier Darcos et sur la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse pour préciser "dans les prochaines semaines" leurs intentions en matière de formation et de recrutement.
"Nous voulons signer avec les professeurs de France (...) un nouveau pacte de confiance", a conclu Nicolas Sarkozy.
Il a admis que cela impliquait un effort financier de l'Etat et réaffirmé que la moitié des économies dégagées par les réductions d'effectifs serait redistribuée aux professeurs.
"Bien sûr, il faut être réaliste : ce pacte de confiance ne peut consister en une mesure de revalorisation générale et sans contrepartie (...) L'Etat des finances publiques ne le permet pas", a cependant averti Nicolas Sarkozy, qui a invité les professeurs à réfléchir "de façon responsable et constructive à une évolution de leurs pratiques et de leurs missions".
Emmanuel Jarry