Les mauvaises notes et la "constante macabre" --afp--060921----
Les enseignants admettent de plus en plus qu'à chaque contrôle en classe ils réservent systématiquement
un pourcentage de mauvaises notes à leurs élèves, selon une enquête inédite réalisée par André Antibi professeur d'université et révélée mercredi lors d'un colloque au Sénat.
"J'ai réalisé ces huit derniers mois une enquête auprès de 1.900 professeurs dans une vingtaine de régions leur demandant si «la constante macabre existe»", a expliqué à l'AFP M. Antibi.
"Par «Constante macabre», j'entends qu'inconsciemment les enseignants s'arrangent toujours, sous la pression de la société, pour mettre un certain pourcentage de mauvaises notes. Ce pourcentage est la constante macabre", a précisé André Antibi.
Selon son enquête, "95 % des enseignants répondent que «la constante macabre
existe», ce qui signifie qu'ils reconnaissent ce pourcentage
systématique de mauvaises notes".
André Antibi s'est fait connaître en 2003 à travers un livre, "La Constante macabre", dans lequel il dénonçait déjà le poids excessif de la note au sein d'un
système qui sélectionne par l'échec et finit par
décourager beaucoup d'élèves.
Il a mis en place depuis deux ans une expérimentation pour lutter contre cette "constante macabre".
Ce nouveau système intitulé
"Système d'évaluation par contrat de confiance" (EPCC) fonctionne "sur un principe simple", selon M. Antibi: une semaine avant un contrôle, l'enseignant donne le programme de l'examen à l'élève en choisissant une liste d'exercices déjà corrigés en classe. L'élève n'a plus qu'à refaire les exercices le jour du contrôle et il
obtient une très bonne note, en ayant
"bien appris". L'expérimentation de la méthode a déjà prouvé que ces élèves avaient le même niveau aux évaluations nationales !"Environ 1.500 profs pratiquent ce système et de plus en plus de collègues le font", a ajouté M. Antibi qui va publier dans un mois un livre sur le sujet intitulé: "Les notes: la fin du cauchemar".
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Évaluer dans la situation actuelle :
des inconvénients trés importants ... - Implicitement, un certain pourcentage de mauvaises notes ( une « constante macabre » ) semble nécessaire pour que l'évaluation
soit crédible !! - Sous la pression de la société, l'enseignant devient un
sélectionneur malgré lui. - De nombreux élèves faisant partie du « mauvais tiers » d'une classe sont injustement
en échec malgré leur travail. Ils se découragent et perdent confiance.
APPEL POUR UNE ÉVALUATION PLUS JUSTE DU TRAVAIL DES ÉLÈVES ET DES ÉTUDIANTS
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Livre.
EN SAVOIR + : http://mclcm.free.fr/images/Couv_Constante_Macabre.pdf
Un chercheur avance que les enseignants
se transforment trop souvent en «sélectionneurs».
La constante macabre de la notation
Par Gilbert LAVAL - jeudi 01 janvier 2004 - Libération
Pythagore a son théorème, le mathématicien André Antibi, sa constante. La constante macabre. C'est une règle dramatique de la géométrie de l'enseignement en France que ce directeur du laboratoire des sciences de l'éducation de l'université Paul-Sabatier à Toulouse a mis quinze ans à établir.
Que dirait-on d'un professeur de maths qui ne noterait aucun élève en dessous de 12/20, demande-t-il.
Il serait soupçonné d'être «mauvais» ou au moins «laxiste». Selon lui, tout se passe donc comme si, pour que des notes soient considérées comme bonnes, il fallait qu'il y en ait au moins autant de moyennes et de mauvaises.
C'est cette proportion, apparemment incompressible dans le système français d'évaluation des élèves, d'un tiers de mauvaises notes qui constitue la «constante».
Elle est «macabre», ajoute le chercheur, parce qu'elle casse et désespère chaque année un tiers au moins de l'effectif scolaire puis étudiant. A coup de statistiques et de courbes de Gauss, le constat d'André Antibi exige des enseignants une remise en cause de l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes et de leur mission.
C'est pour ne pas «affronter le mammouth» que les éditeurs qui publient par ailleurs ses manuels scolaires ou ses travaux de recherche se sont selon lui défilés. La Constante macabre est du coup éditée à compte d'auteur et, malgré cela, déjà diffusée à plus de 4 000 exemplaires. «Le système de notation de l'enseignement français est pernicieux, se désole le mathématicien toulousain. Il s'impose comme paraissant naturel alors qu'il n'est qu'une vue de l'esprit.» De «diffuseurs de connaissances» qu'ils devraient être, les enseignants se transforment en simples «sélectionneurs» d'un improbable modèle social, analyse-t-il.
Les centaines de questionnaires qu'il a réalisés auprès d'eux révèlent qu'ils ont inconsciemment mis au point une série d'astuces pour que
les notes de leurs élèves soient ainsi étalées en équilibre autour d'une moyenne de 10.
Au contraire de ce schéma, explique-t-il, il y a le
«contre-exemple américain» qui
ne produit pourtant pas de moins bons élèves. Ces derniers y sont plus simplement évalués en fonction des connaissances qu'on leur demande d'avoir. Si, outre-Atlantique, la leçon est
sue par l'ensemble de la classe, alors l
'ensemble de la classe peut décrocher
un 20 sans que
personne ne se mette à hurler à la «dévalorisation de l'enseignement». Ce contre-exemple américain serait la parfaite illustration par contraste de cette constante macabre qui fait, juge-t-il, «trop de dégâts» chez les jeunes gens.
«Il y a pourtant des solutions pour atténuer la violence du système scolaire», écrit-il encore. Le Conseil national des programmes l'a invité ce mois-ci à les lui exposer.
Mais c'est pour sortir du seul bocal de l'enseignement qu'il a écrit son livre à l'adresse du «grand public».
Parce qu'il est convaincu qu'il s'agit là d'un «vrai débat de société».